samedi 14 novembre 2015

Hier j'ai eu peur

Hier, j’ai eu peur.
J’ai appelé ma mère, je l’ai eu tout de suite. Elle devait sortir vers République mais, ce soir-là, elle était trop fatiguée.
Rassurée, j’ai appelé mon père, il n’a pas répondu.
Normal il était 23h.
Alors j’ai pris contact avec certains de mes amis, ceux qui traînaient vers République ou Oberkampf. Des gens que je ne voyais plus, dont je prenais rarement des nouvelles. Tout le monde allait bien. Certains de leurs amis ou famille étaient au concert et ne donnaient pas de nouvelles. Ils étaient inquiets.
J’ai rappelé mon père, il n’était pas si tard finalement 23h. Il n’a pas répondu. Alors j’ai commencé à paniquer, à vraiment paniquer. J’ai appelé ma belle-mère, il était 23h30, elle a répondu.
Tout allait bien. Ils étaient en province.
J’ai eu de la chance.
Mes proches n’ont pas été blessées mais ces connards ont gagné. Ils ont fait naître de la colère en moi, de la haine, de la terreur.
Mes proches sont des gens doux, je les ai choisis dans le monde car ils avaient le pouvoir de l’adoucir. Je refuse que la terreur les touche, que la mort les prenne. Encore moins sous la forme d’un débile profond, de sa kalachnikov, de ses bombes, et de ses théories politiques et religieuses qui ne dispensent que la mort.
Profondément, je n’ai pas envie de parler de dieu, de politique, je n’ai pas envie. Je vomis les politiciens qui font leur travail aujourd’hui.
Je pense à mes amis qui n’ont pas eu la même chance que moi, et qui eux ont perdus des proches innocents. Je n’ai pas les bons mots pour eux. Je ne crois pas en dieu alors « pray for paris », ça ne veut pas dire grand-chose pour moi. J’ai longtemps haïs les mots « toutes mes condoléances, « je suis désolée » et je sais qu’ils vont détester les entendre aujourd’hui aussi. Toutes mes condoléances ça ne veut rien dire, et « je suis désolée » ce n’est pas de ma faute. Pourtant, je n’ai pas d’autres mots, je pense à vous : Toutes mes condoléances aux familles des victimes.
Je voulais dire que je vous aimais et je m’excuse de ne pas donner de nouvelles plus souvent.

Ce matin, j’ai envie de parler d’amour, de paix, de douceur, de faire des blagues, de boire du thé au jasmin comme d’habitude. J’ai envie de gagner sur la peur, mais elle est là, profonde comme une blessure nouvelle, alors ce matin, je n’y arrive pas.