mercredi 14 novembre 2012

Nous est trois personnes

Mon frère de son esprit brillant et de toute intelligence m'a dit un jours, en parlant de relation amoureuse : "Dans "nous" il y a trois personne : TOI+ MOI+NOUS", pour que ça marche il faut donc toujours veiller à l'équilibre de ces trois êtres.

Puisque mes réflexions comparent le fait d'écrire et de se faire publier à une relation amoureuse, continuons la métaphore.

Outre que pour qu'il y ait un nous il faut que je trouve la bonne édition, que je la séduise dans le but bien entendu de me faire prendre gratuitement, il faut, avant même tout cela, que le "MOI" soit accompli.
Au final, le "moi" si important dans notre société individualiste est le seul sur lequel on a de l'influence. 

Or en parlant d'édition, le "moi" en question comprend deux êtres : L'écrivain et le livre.

Je me suis rendue compte récemment que bien que j'ai un amour maternelle pour mon livre, peut-être l'avais-je envoyé trop tôt. Cela m'a quelque peu déprimée. Et puis, mince ! Si JE ne suis pas contente, si je ne suis pas heureuse, si j'ai trop peur de ce qu'on va faire de mon livre, de comment on va l'ignorer : cette chose que j'ai faite avec tant d'amour et de passion. Au feu mes sentiments !

J'en suis arrivé à cette conclusion : Si une édition me contacte, m'accepte tant mieux. Mais en réalité, j'espère surtout de cette expérience des retours qui me permettent de revoir mon livre, de le retravailler, d'avoir une idée de sa valeur, et les éditeurs sont des professionnels en la matière : c'est leur travail. Certains ne me diront rien (la plupart) certains me répondront négativement, d'autres me donneront un avis (enfin j'ai tout fait pour, j'ai tiré des ficelles ! J'ai usé de mon talent, j'ai parlé à des contacts, je m'en suis fait, bref je l'ai défendu!) Alors zut ! Zut et rezut ! Edité n'est pas la fin ! Mon livre existe, il est là, il est de qualité. Ce temps de pause dans l'écriture, à l'envoyer à des éditeurs m'a permis de prendre un peu de recul et quand je le retravaillerai, il sera mieux! Si Gallimard lui donne un 2 ou un 3, tant pis ! Qui est Gallimard ? Je ne le connais pas et franchement il à l'air vachement moins beaux, hot et sexy que moi. Et si Hachette met mon livre aux oubliettes, et bien quoi ? Il y a des trésors que l'on oublie dans les caves ! De quel droit, je donne de la valeur à leur avis, ils peuvent m'aider certes, mais il ne peuvent pas toucher à l'affection, l'idéal que mon livre possède en lui et qu'il reste peut-être à travailler!
D'où, faible que je suis, je me laisse envahir par leur "non-réponse", tant mieux, ne me répondez pas, après tout c'est ce que je fais aussi lorsqu'un garçon ne m'intéresse pas et qu'il me drague, c'est un rejet doux, il plaira à une autre, je plairai à d'autres.

Il n'y a pas si longtemps, un gamin (le petit fils de ma correctrice, que je connais à peine, garçon d'une grande intelligence) a lu mon livre. Il est en quatrième, et en français il devait présenté un incipit. Il est donc venu avec mon manuscrit devant sa prof de français, a demandé s'il pouvait présenté l'incipit de "mon roman". Le professeur a lu le premier chapitre et dit : "c'est très fluide, d'accord". Le garçon a eu 18/20, il me semble.
Oui, c'est un enfant intelligent mais voilà, où se trouve le "nous" que je recherche, que je veux. Ce n'est pas les éditeurs dont je cherche, mon livre et moi (mais surtout mon livre) l'amour, le TOI, c'est les lecteurs. Alors les éditeurs, certes c'est eux que je dois séduire, mais ils ont dans mon histoire la même importance qu'un site de rencontre.
Je suis contente de mon livre, et je ne dois en aucun cas me laisser abattre, au contraire, les éditions remettent mon livre en question, je le remettrais en question aussi et il sera bien mieux, et il sera lu, il sera aimé. Ce ne sera peut être pas un roman star adulé par des milliers de gens mais le succès n'est pas un amour avec de la valeur, c'est un amour superficiel et mon livre cherche autre chose dans le fond. Je cherche autre chose même si je ne cracherai jamais sur le fait de vivre de l'écriture, j'en vis déjà. Je respire de l'écriture, je mange de la littérature, je fais des oeuvres, je ponds des merdes, bref mon existence entière a toujours tourné autour de l'écriture, et si je manque de talent ou de chance, peu importe, le plaisir n'est pas là.

Ce site est assez lu, je me doute que certains lecteurs sont des écrivains en devenir, à la recherche d'éditeur. Amis auteurs, n'oubliez pas où se trouve votre grand amour.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire